jeudi, avril 25, 2024

Dr Mamadou Bâ Boiro, un précurseur de la médecine privée dans le Fouladou

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Le Docteur Mamadou Bâ Boiro est une référence dans la région de Kolda. Parti presque de rien, il a réussi, en 26 ans, à s’imposer dans le domaine de la médicine privée moderne. Il a dû batailler ferme pour surmonter les nombreux obstacles qui se dressaient sur son chemin.
Le chemin de la réussite est souvent parsemé d’embuches. Il faut beaucoup de courage, de persévérance et de détermination pour avoir une place au soleil. C’est du moins la conviction du Docteur Mamadou Ba Boiro, premier médecin privé à ouvrir un cabinet médical à Kolda en 1987. Il fait aujourd’hui figure de pionnier dans ce domaine et incarne l’exemple d’entrepreneur moderne qui, grâce à sa ténacité et son sens inné des affaires, a réussi à se frayer un chemin vers la réussite.
Il dirige aujourd’hui le premier cabinet médical privé de Kolda, «le cabinent médical Diamtam » qu’il ouvrit grâce aux petites économies (600 000 FCFA) qu’il avait faites durant son séjour à l’Université, et trouva une astuce originale pour faire payer ses consultations.

«Au début, je faisais mes consultations en nature. Les patients me donnaient deux poulets ou un coq et une poule ou encore un sac d’orange ou bien deux ou quatre mètres de tissus de Lagos, car il me fallait tenir compte du niveau de vie des populations pour pouvoir me faire de la place», souligne-t-il.

Outre sa fonction de médecin généraliste, il s’est spécialisé aussi en médecine de sport et en médicine douce, notamment la mésothérapie et l’homéopathie. Il est également agent de contrôle antidopage des zones 2 et 3 en Afrique de l’Ouest suite à une sélection de l’Agence mondiale antidopage.
Né en 1953 à Diankancounda (département de Vélingara) dans une famille de paysans, il entre à l’école élémentaire de Bonconto en 1959 où il obtient son Certificat d’études primaires. Mais, il échoue à l’Entrée en 6ème en 1965 parce que les épreuves de mathématiques qui portaient sur les intervalles n’avaient pas été traitées par l’instituteur pendant l’année scolaire. Il se rend alors à Bignona où il décroche son Entrée en 6ème l’année suivante et s’inscrit au Lycée Djignabo de Ziguinchor. Mais, son séjour ne fut pas de tout repos. «J’apprenais mes leçons sous un lampadaire public parce que les conditions d’études n’étaient pas réunies à la maison où je devais apprendre avec une bougie. Je prenais rarement le petit déjeuner, une fois par semaine, avec un petit morceau de pain sec qui date de plusieurs jours. Pour le repas de midi, j’achetais 5 francs CFA d’arachide que je croquais avec un petit morceau de pain de 10 FCFA. Parfois, je me rendais à l’école de l’Eata pour sucer les pommes de cajou ; une manière de tromper la faim pour pouvoir étudier », se souvient-il encore.

Malgré ces difficultés, il réussit à décrocher son Baccalauréat, série D, en 1974. Il s’inscrit alors à la Faculté de médicine de l’Université de Dakar où il bénéficie d’une bourse nationale. Parallèlement, il faisait des petits boulots par-ci et par-là pour pouvoir arrondir ses fins de mois. Il fut moniteur des Travaux pratiques en physiologie, en histologie-embryologie, en parasitologie et en bactériologie à la Faculté de Médicine. Ce qui lui rapportait 45 000 FCFA par trimestre, sans compter sa bourse. Il fut aussi médecin du Centre des Œuvres universitaires de Dakar où il percevait 17 500 FCFA par mois de 1979 à 1981 et donnait des cours particuliers en dehors de l’Université. Il voulait se rendre en Allemagne pour poursuivre ses études, mais le sort en décida autrement. Il ressentit son élimination comme une discrimination. Il décida alors de poursuivre ses études à l’Université de Dakar où il obtient son diplôme de Doctorat d’Etat en médicine en 1986.

«C’est avec une grande déception que j’ai appris que le gouvernement ne pouvait pas prendre tous les 80 médecins sortis cette année-là et que j’en faisais partie. J’ai ressentis cela comme une discrimination à cause de mon nom de famille. Certains me considéraient comme Guinéen, Tchadien ou Camerounais. J’avoue que cela m’a un peu perturbé. C’est pourquoi, quand j’ai fait ma Thèse, je me suis dit qu’il veut mieux rentrer dans mon Fouladou natal et exercer dans le secteur privé puisque je suis indexé un peu partout comme un non Sénégalais», souligne-t-il, l’air amer et le visage plein de mélancolie.

Mamadou Aliou DIALLO (lesoleil.sn)

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